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Et un jour, on décide de retirer les petites roues de notre tricycle...

  • Bénédicte Spanu
  • 28 nov. 2024
  • 5 min de lecture

Vous souvenez-vous de ce jour où vous avez retiré les petites roues de votre tricycle ? Etait-ce de votre propre initiative ? Etait-ce sous l'impulsion de vos parents ? Etait-ce par envie en regardant d'autres enfants évoluer en liberté sur leur vélo à deux roues ?


Peu importe, dans tous les cas une chose est sûre : vous étiez prêts. Et si vous ne l'étiez pas tout à fait encore - du moins consciemment - on a sûrement créé pour vous et avec vous les conditions favorables pour que cela se produise.


Parce que toute transformation comporte une dimension d’inconfort qu'il faut pouvoir accepter.


Se transformer, c’est passer d’un état à un autre, d’une situation à une autre, d’une façon d’être et d’agir dans le monde à une autre.


La transformation, c’est donc cette période de transition entre ces deux états, ces deux moments.


Ce processus pendant lequel nous allons expérimenter une forme de vide, où nous ne serons plus vraiment dans l’ancien (avec ses routines, ses habitudes, ses repères, son confort somme toute) et pas encore dans le nouveau (avec le plaisir de l’expérimentation, la découverte d’une forme de liberté nouvelle).


Finalement, c’est un peu comme quand, enfants, nous avons osé retirer les petites roues de notre tricycle pour la première fois.


Au début, on a peur, on résiste, on n’ose pas se faire confiance et croire en nos capacités. On a du mal à lâcher le confort que ces deux petites roues supplémentaires nous apportent et auquel on s’est habitué. Pourquoi se donner tant de mal alors que ça fonctionne très bien comme ça aujourd’hui ? Pourquoi changer ?


Alors de quoi avons-nous besoin pour oser un jour retirer ces petites roues ?


1. D'UNE PERSPECTIVE

D’abord, il faut percevoir les bénéfices que nous allons trouver au bout de ce processus : la promesse d’émancipation, de liberté, d’autonomie, … La découverte et l'exploration de nouvelles capacités, la fierté et la satisfaction d'y être arrivé, la joie et le plaisir de profiter de cette nouvelle expérience que nous faisons de notre réalité : faire du vélo sur 2 roues ! Même si elle peut encore être floue au départ, même si on a encore du mal à s'imaginer, à se projeter, la perspective de ce nouveau possible, de cette nouvelle expérience, de ses nouvelles sensations est déterminante pour nous aider à transformer notre regard, à ouvrir notre cœur, à rassembler notre courage et oser braver nos peurs et nous lancer dans l'inconnu.


2. D'INSPIRATION

Ensuite, il y a l’exemple de ceux qui l’ont déjà fait ou le font autour de nous, qui nous inspirent, nous encouragent et nous stimulent. Ils sont la preuve vivante et tangible que c'est possible et c'est ce qui va nous aider à y croire nous aussi, à croire en nous et en nos capacités pour y arriver. Les observer évoluer librement, lire le plaisir et la joie sur leur visage, étudier leurs mouvements, ... sont autant de sources d'inspiration et d'apprentissage qui vont nous aider à renforcer notre confiance en nous, susciter notre motivation, nous inciter à l'action.


3. DE SECURITE

Parce que cette expérience nous confronte à nos peurs, il est important de pouvoir les entendre et les accueillir. Les ignorer ou, pire, les nier ne conduirait qu’à ralentir le processus voire à le compromettre en nous mettant en situation de blocage. C’est pourquoi le soutien de référents et d’accompagnateurs expérimentés, qui ont vécu cette expérience avant nous, est déterminant pour créer un cadre suffisamment rassurant et sécurisant et nous aider à prendre confiance en nous, pour mieux oser.


4. D'EXPERIMENTATION

La transformation ne se décrète pas et, surtout, ne s’obtient pas d’un claquement de doigt ni du jour au lendemain. C’est avant tout un processus, un cheminement qui est rarement linéaire. Il a ses accélérations, ses bonds en avant et ses victoires mais également ses déceptions, ses moments de ralentissement voire de stagnation, parfois même de retour en arrière. Dans ce processus, l’expérimentation va être clé car c’est elle qui va nous permettre de toucher du doigt les premiers bénéfices concrets que nous pouvons en retirer. C’est elle aussi qui va nous montrer les écueils à éviter, les erreurs à corriger, les limites à dépasser. Dans tous les cas, qu’elle soit perçue comme positive ou négative, elle va être une source d’apprentissage, de compréhension et d’intégration des enseignements (des succès comme des ratés).


5. D'UN DROIT A L'ERREUR

Quand on apprend à pédaler sans petites roues, tomber fait partie potentiellement du processus. On peut mettre en place des dispositifs de prévention et de protection mais chercher à l’éviter systématiquement et par principe peut se révéler contre-productif. Ce qui est valable dans cet exemple l'est pour toute démarche de transformation. Ce droit à l’erreur doit au contraire être reconnu, accepté comme faisant partie intégrante du processus, accueilli et traité quand il survient, de façon à ce qu’il soit source d’enseignement et de progression plutôt que de perte de confiance et de motivation, et d'un repli sur un « connu » rassurant.


6. DU RESPECT DES RYTHMES DE CHACUN

Selon l’objet et la nature de la transformation, le moment où cette dernière intervient dans notre vie, le contexte dans lequel nous nous trouvons, notre histoire personnelle, … notre capacité à changer va varier. Il est essentiel de comprendre et de respecter ces singularités. C’est vrai dans le cas d’une transformation individuelle et ça l’est d’autant plus dans le cas d’une transformation collective. Tout le monde n’est pas prêt à changer au même moment, de la même façon et au même rythme. Certains ne seront jamais prêts ou volontaires pour le faire et c’est juste. Vouloir "embarquer tout le monde" de façon indifférenciée et selon un dispositif uniforme est un vœu pieux. Cela nécessite au contraire d'apporter de la nuance, de la différenciation et d'accepter que le processus ne soit pas linéaire ni uniforme.


7. DE BONNES DISPOSITIONS

Pour se transformer, il faut être prêt à le faire. A l'échelle individuelle, cela passe par un travail intérieur, un retour à soi dans une introspection à la fois bienveillante et exigeante, pour nous permettre d'identifier nos peurs, nos blocages, nos freins, nos croyances limitantes, nos schémas répétitifs, ... qui demandent à être vus, adresser, réparés, déconstruits ou dépassés selon les cas. Afin de créer les conditions favorables à la transformation, c'est-à-dire finalement au remplacement de l'ancien par du nouveau.


A l'échelle des collectifs et des organisations, créer ces conditions favorables, c'est prendre en compte la dimension culturelle du changement : pour libérer les organisations des cadres mentaux obsolètes, co-construire des représentations collectives alignées sur les enjeux actuels, mobiliser les énergies autour de projets porteurs de sens et créer une transformation durable, créatrice de valeur partagée.



Photo : Pexels - Jyotirmay Datta Chaudhuri

 
 
 

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